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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/206

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reprit froidement Marmontel à qui Sa Majesté n’avait pas adressé un seul mot[1].

La peinture n’avait aucun attrait pour la reine ; les plus misérables artistes étaient admis à l’honneur de la peindre ; on exposa, dans la galerie de Versailles, un tableau, en pied, représentant Marie-Antoinette dans toute sa pompe royale. Ce tableau, destiné pour la cour de Vienne, et peint par un homme qui ne mérite pas d’être nommé, révolta

  1. Les auteurs, poëtes ou musiciens, attachaient un grand prix à la représentation de leurs ouvrages sur le théâtre de Fontainebleau. Grimm en fait connaître le motif.

    « Il est à observer que la cour accorde presque toujours des gratifications aux auteurs des ouvrages représentés à Fontainebleau, et que ces ouvrages, faveur bien plus précieuse encore, n’étant plus assujettis à l’ordre du répertoire ordinaire, peuvent être joués à Paris immédiatement après l’avoir été à la cour. C’est à cet avantage que tient l’importance qu’on attache au privilége d’être jugé d’abord sur un théâtre où les succès, toujours incertains, n’ont jamais été considérés comme légalement prononcés, puisqu’il est convenu de regarder le public de Paris comme juge en dernier ressort des jugemens portés par le public de la cour.

    » Cependant, ajoute Grimm, on ne peut se dissimuler que la manière de juger de ce tribunal en première instance ne soit bien différente de ce qu’elle était autrefois, depuis qu’il est permis d’y applaudir comme ailleurs. Ci-devant l’on écoutait dans le plus profond silence, et ce silence absolu, en marquant beaucoup de respect pour la présence de Leurs Majestés, laissait infiniment d’incertitude sur le sentiment que pouvait avoir éprouvé le plus grand nombre des spectateurs. Depuis que la reine a bien voulu permettre que cette grande étiquette fût oubliée, il est bien rare que le public de Paris ne confirme pas les arrêts prononcés par la cour. »

    (Note de l’édit.)