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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/238

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se soit prêtée, d’après les intrigues de la secte, à me présenter, il y a quelques années, madame Geoffrin qui devait sa célébrité au titre de mère-nourrice des philosophes. »

À l’occasion du duel de M. le comte d’Artois avec M. le prince de Bourbon, la reine voulut voir secrètement le baron de Besenval qui devait être un des témoins, pour lui communiquer les intentions du roi. J’ai lu avec une peine infinie de quelle manière ce fait si simple est rendu dans les Mémoires de M. de Besenval : il a raison de dire que M. Campan le conduisit par des corridors supérieurs du château, et l’introduisit dans un appartement qu’il ne connaissait pas ; mais le ton de roman donné à cette entrevue est aussi blâmable que ridicule[1]. M. de Besenval dit qu’il se trouva, sans savoir comment il y était parvenu, dans un appartement modeste, mais très-commodément meublé, dont il ignorait jusqu’à l’existence. Il fut étonné, ajoute-t-il, non pas que la reine eût tant de facilités, mais qu’elle ait osé se les procurer. Dix feuillets imprimés de la femme Lamotte, dans ses impurs libelles, ne contiennent rien d’aussi nuisible au caractère de Marie-Antoinette, que ces lignes écrites par un homme qu’elle honorait d’une bienveillance aussi peu méritée. Il n’avait pu avoir occasion de connaître l’existence de cet appartement, composé d’une très-

  1. Voyez les Mémoires du Baron de Besenval, t. I, dans la collection des Mémoires sur la révolution.
    (Note de l’édit.)