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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/239

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petite anti-chambre, d’une chambre à coucher et d’un cabinet ; depuis que la reine occupait le sien, il était destiné à loger la dame d’honneur de Sa Majesté, dans le cas de couches ou de maladie, et servait à cet usage lorsque la reine faisait ses couches. Il était si important que personne ne sût que la reine eût parlé au baron avant le combat, qu’elle avait imaginé de se rendre par son intérieur dans ce petit appartement où M. Campan devait le conduire. Lorsqu’on écrit sur des temps rapprochés, il faut être de l’exactitude la plus scrupuleuse, et ne se permettre ni interprétation ni exagération.

Le baron de Besenval, dans ses Mémoires, paraît fort surpris du refroidissement subit de la reine, et l’attribue d’une manière très-défavorable à l’inconstance de son caractère : je puis donner le motif de ce changement, en répétant ce que Sa Majesté me dit à cette époque ; et je ne changerai pas une seule de ses expressions. En me parlant de l’étrange présomption des hommes, et de la réserve que les femmes doivent toujours observer avec eux, la reine ajouta que l’âge ne leur ôtait pas l’idée de plaire, quand ils avaient conservé quelques qualités agréables ; qu’elle avait traité le baron de Besenval comme un brave Suisse, aimable, poli, spirituel, que ses cheveux blancs lui avaient fait voir comme un homme sans conséquence, et qu’elle s’était bien trompée. Sa Majesté, après m’avoir recommandé le plus grand secret sur ce qu’elle allait me confier, me raconta