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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/274

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octogone, s’élevait jusqu’au haut du toit à l’italienne, et se terminait par une coupole ornée de balcons, où des femmes non présentées obtenaient facilement d’être placées pour jouir de la vue de cette brillante réunion.

Sans faire partie des gens de la cour, les hommes admis dans le salon pouvaient prier une des dames, placées au lansquenet ou au pharaon de la reine, de jouer sur leurs cartes l’or ou les billets qu’ils leur présentaient.

Les gens riches et les gros joueurs de Paris ne manquaient pas une seule des soirées du salon de Marly, et les sommes perdues ou gagnées étaient toujours très-considérables.

Louis XVI détestait le gros jeu et témoignait souvent de l’humeur quand on citait de fortes pertes[1]. Les hommes n’avaient point encore introduit l’usage de porter un habit noir sans être en deuil, et le roi donna quelques-uns de ses coups de boutoir à des chevaliers de Saint-Louis, ainsi vêtus, qui venaient hasarder deux ou trois louis dans l’espoir que la fortune favoriserait les jolies

  1. En 1790, un officier de la garde nationale se promenait dans les appartemens du château des Tuileries ; le roi l’ayant remarqué, lui demanda s’il savait jouer au trictrac ; sur sa réponse affirmative, le roi voulut bien jouer avec cet officier, et lui gagna 9 fr., à un petit écu par partie. L’heure du conseil étant venue, Sa Majesté s’y rendit, en promettant à l’officier de lui donner une autre fois sa revanche. (Anecdotes du règne de Louis XVI, t. Ier, pages 247, 248.)
    (Note de l’édit.)