Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tragé par une perfidie du vieux ministre, qu’il ne pouvait lui pardonner. J’avais su quelque chose de cette intrigue, à l’époque où elle eut lieu ; elle m’a été confirmée depuis par la maréchale de Beauvau. M. Necker voyant son crédit baisser à la cour, et craignant que cela ne nuisît à ses opérations en finances, écrivit au roi pour le supplier de lui accorder une grâce qui pût manifester, aux yeux du public, qu’il n’avait pas perdu la confiance de son souverain ; il terminait sa lettre en désignant cinq choses différentes, telle charge ou telle marque d’honneur, ou telle décoration, et il la remit à M. de Maurepas. Les ou furent changés en et : le roi fut mécontent de l’ambition de M. Necker, et de la confiance avec laquelle il osait la manifester.

Madame la maréchale de Beauvau m’a assuré que le maréchal de Castries avait vu la minute de cet écrit de M. Necker, tout-à-fait conforme à ce qu’il lui avait dit, et qu’il avait vu de même la copie dénaturée[1].

L’intérêt que la reine avait pris à M. Necker, s’anéantit pendant sa retraite, et se changea même en de fortes préventions. Il écrivait trop sur les opérations qu’il avait voulu faire, et sur le bien qui en serait résulté pour l’État. Les ministres qui l’avaient successivement remplacé, crurent leurs opérations entravées par le soin que M. Necker et ses

  1. J’ai cette anecdote écrite de la main de cette dame.
    (Note de madame Campan.)