Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avoir ; et, pour m’en alléger autant que possible, je viens de promettre à M. de Ségur, et cela sur ma parole d’honneur, de n’apostiller aucun placet, et de n’entraver aucune de ses opérations par des demandes pour mes protégés. »

La reine avait espéré le rétablissement des finances, lors du premier ministère de M. Necker que son ambition n’avait pas encore entraîné vers des plans étrangers à ses propres talens, et ses vues lui semblaient fort sages. Sachant que M. de Maurepas voulait amener M. Necker à donner sa démission, elle l’engageait alors à patienter jusqu’à la mort d’un vieillard que le roi conservait près de lui, par respect pour son premier choix et par égard pour son grand âge. Elle alla même jusqu’à lui dire que M. de Maurepas était toujours malade, et que l’époque de sa fin ne pouvait être éloignée. M. Necker ne voulut point attendre ce moment ; la prédiction de la reine se réalisa : M. de Maurepas termina ses jours à la suite d’un voyage de Fontainebleau, en 1781[1].

M. Necker s’était retiré ; il avait surtout été ou-

  1. « Louis XVI, dit la Biographie universelle, regretta hautement Maurepas. Dans le temps de sa dernière maladie, il était venu lui faire part lui-même de la naissance de M. le dauphin, l’annoncer à son ami et s’en féliciter avec lui : ce furent ses propres expressions. Le lendemain de ses obsèques, il disait d’un air profondément pénétré : « Ah ! je n’entendrai plus les matins mon ami au-dessus de ma tête. » — Éloge simple et touchant trop peu mérité par celui qui en était l’objet. »
    (Note de l’édit.)