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à reprocher à madame de Polignac un seul défaut qui pût lui faire regretter le choix qu’elle en avait fait comme amie ; mais elle n’avait pas prévu l’inconvénient d’avoir à supporter les amis de ses amis, et la société y contraint.

Sa Majesté, continuant à me parler des inconvéniens qu’elle avait rencontrés dans la vie privée, me dit que les ambitieux sans mérite trouvaient là des moyens de tirer parti de leurs importunités, et qu’elle avait à se reprocher d’avoir fait nommer M. d’Adhemar à l’ambassade de Londres, uniquement parce qu’il l’excédait chez la duchesse. Elle ajouta cependant à cette espèce de confession, qu’on était en pleine paix avec les Anglais ; que le ministre connaissait aussi bien qu’elle la nullité de M. d’Adhemar, et qu’il ne pouvait faire ni bien ni mal[1].

Souvent, dans des entretiens d’un entier épanchement, la reine avouait qu’elle avait acquis à ses dépens une expérience qui la rendrait bien attentive à veiller à la conduite de ses belles-filles ; qu’elle serait surtout fort scrupuleuse sur les qua-

  1. Grimm rapporte, dans sa Correspondance, des couplets faits, dit-il, par M. d’Adhemar, dix-huit ans avant son ambassade. Cette chanson ne prouve rien assurément contre ses talens diplomatiques ; de nos jours, la chanson mène à tous les honneurs ; mais la muse qui inspirait M. d’Adhemar n’est pas fort sévère, ou paraît fort indiscrète : il donnerait, si l’on pouvait l’en croire, une bien mauvaise idée de la bonne compagnie du temps. Par ce double motif, nous reléguons la chanson dans les notes ; ira l’y chercher qui voudra (lettre V).
    (Note de l’édit.)