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payer deux fois ses dettes au moment où elle espérait être nommée à la place de première. La dauphine, devenue reine, donna pour motif de son refus qu’il était trop imprudent de donner la garde de son argent aux gens connus par leur désordre ; qu’on exposait, non-seulement le dépôt, mais l’honneur des familles. La reine adoucit ce refus en plaçant les enfans de cette dame à Saint-Cyr et à l’École militaire, et en leur accordant des pensions. Lorsqu’il fut question, à l’époque de la Constitution, de recréer la maison en abolissant les titres de dames et chevaliers d’honneur, et que le roi voulut porter une économie sévère dans toutes les parties de sa dépense et de celle de la reine, on arrêta la suppression du renouvellement journalier des bougies. La charge de première femme se trouvait, par cette réforme, privée de son plus fort revenu. Le roi, en travaillant avec M. de La Porte, le fixa à vingt-quatre mille livres, en ajoutant qu’elles auraient de plus les fonctions et les bénéfices des dames d’atours dont la charge serait supprimée ; qu’il fallait que les premières femmes fussent choisies parmi des femmes estimables et bien nées, et que leur traitement les mît toujours au-dessus des dangers de l’intrigue ou de la corruption. Le plan de la maison, formée d’après les lois constitutionnelles, fut arrêté, mais la seule partie militaire fut mise en activité.

La reine avait douze femmes ordinaires ;

Madame de Malherbe, femme d’un ancien com-