Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/400

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

obstacles que les ducs devaient élever contre cette nouvelle prétention. Les femmes de la cour, dont Louis XV devait attendre le plus de soumission et de déférence, jouèrent un rôle opiniâtre et fier, opposant une résistance invincible à la demande du roi de laisser danser mademoiselle de Lorraine immédiatement après les princesses du sang ; leur fermeté alla jusqu’à se priver du bal, plutôt que de se laisser dépouiller du droit de danser les premières. Madame de Bouillon, parmi toutes ces dames, se distingua par l’éclat de ses refus et de ses observations. Louis XV en parut si offensé, que cette dame ne revint plus à la cour. La dauphine, de son côté, en eut un tel dépit, qu’elle se procura une des lettres que Louis XV avait écrites aux pairs. Elle la renferma dans sa cassette, et y ajouta ces mots : Je m’en souviendrai. Cependant, pour terminer la fête, mademoiselle de Lorraine accepta de danser avec la duchesse de Duras, que sa place retenait à la cour. Ce moyen terme diminua le scandale des dames, des refus et des observations, et tempéra l’éclat de sa retraite et du retour à Paris des dames titrées qui avaient refusé de danser au mariage de la jeune princesse. » (Mém. hist. et polit. du règne de Louis XVI, T. II.)


Note (L), page 115.

« Les habits portés au sacre par les principales dignités sont, par leur richesse et leur forme antique, un des objets les plus curieux de cette solennité. Les pairs laïcs étaient vêtus d’une veste d’étoffe d’or qui leur descendait jusqu’à la moitié des jambes ; ils avaient une ceinture mêlée d’or, d’argent et de soie violette, et par-dessus leur longue veste un manteau ducal de drap violet, doublé et bordé d’hermine ; leur collet rond était aussi d’hermine ; ils avaient tous une couronne sur un bonnet de satin violet, et le collier de l’ordre du Saint-Esprit par-dessus leurs manteaux.