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tres a signé la fameuse requête du menuet, au mariage du petit-fils de Louis XV, avec tous les pairs et toute la haute noblesse du royaume ; donc notre nom était dès-lors compté parmi les plus illustres de la monarchie. » Ils pourront dire encore : « En 1770, au bal paré du mariage du dauphin, un Villette disputa le pas aux princes de la maison de Lorraine. C’est ce grand Villette, ajoutera un de ses petits-fils, qui publia, à ses frais, un éloge de Charles V et un éloge de Henri IV, qui n’ont pu se dérober à l’injure du temps, ni dans les archives de la littérature, ni dans celles de notre maison ; » et ils diront vrai. Beaucoup de preuves historiques ne sont pas établies sur des fondemens plus solides. » (Correspondance de Grimm, tome VII, page 143.)

Voici quelques détails que Soulavie ajoute à ceux qu’on vient de lire :

« Marie-Thérèse connaissait bien la cour de Versailles ; cependant elle commit la faute de faire demander diplomatiquement par M. de Mercy, son ambassadeur, que mademoiselle de Lorraine, sa parente, et le prince de Lambesc, eussent rang après les princes du sang de la maison, dans les fêtes du mariage de sa fille avec le dauphin de France.

» Louis XV, pour plaire à la dauphine qui le désirait, à Marie-Thérèse qui le demandait, crut devoir en faire une affaire d’État. Il connaissait la jalousie des grands de sa cour, relativement à leurs droits d’étiquette, et il leur demanda, en vertu de la soumission et de l’attachement qu’ils lui devaient, et qu’ils lui avaient témoigné, ainsi qu’à ses prédécesseurs, de ne le point contrarier dans cette circonstance. Il témoignait le désir de marquer à l’impératrice sa reconnaissance du présent qu’elle faisait de sa fille à la France ; il avait recours au langage de l’amitié, et invoquait ce sentiment en cette circonstance, pour obtenir cette condescendance des grands de l’État.

La docilité des grands, depuis quelques années, avait changé à l’égard de Louis XV, et le roi ne calcula point les