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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/408

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nations ennemies jusqu’aux extrémités de la terre. » La couronne de Charlemagne, qui se conserve dans le trésor de l’abbaye de Saint-Denis, est d’or, et enrichie de rubis et de saphirs ; elle est doublée d’un bonnet de satin cramoisi brodé en or, et surmontée d’une fleur de lis d’or, couverte de trente-six perles orientales.

Après toutes ces cérémonies, l’archevêque, duc de Reims, prit le roi par le bras droit, et suivi des pairs et de tous les grands-officiers de la couronne, il le conduisit au trône élevé sur le jubé, où il le fit asseoir, en récitant les prières de l’intronisation, dans la première desquelles il est dit : « Comme vous voyez le clergé plus près des saints autels que le reste des fidèles, aussi vous devez avoir attention à le maintenir dans la place la plus honorable. » En achevant les oraisons prescrites pour la circonstance, le prélat quitta sa mitre, fit une profonde révérence au roi, le baisa, en disant : Vivat rex in æternum. Les autres pairs ecclésiastiques et laïcs baisèrent aussi Sa Majesté, l’un après l’autre, et dès qu’ils furent remis à leurs places, on ouvrit les portes de l’église ; le peuple y entra en foule, et, dans l’instant, fit retentir les voûtes des acclamations de vive le roi ! que répéta en écho la multitude des assistans, dont toute l’enceinte du chœur était remplie en amphithéâtre ; un mouvement involontaire excita des battemens de mains qui devinrent universels ; les grands, la cour, le peuple, animés du même transport, n’eurent que la même manière de l’exprimer. La reine, trop vivement émue, ne put résister à l’impression qu’elle éprouvait, et fut obligée de sortir un moment. Lorsqu’elle reparut, elle partagea à son tour l’hommage que la nation venait d’adresser au roi.

Tandis que tout retentissait des cris de joie, les oiseleurs, selon un usage très-ancien, lâchèrent dans l’église une grande quantité d’oiseaux, qui, par le recouvrement de leur liberté, signifiaient l’effusion des grâces du monarque sur le peuple, et que jamais les hommes ne sont plus véritable-