Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/418

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Église, et qu’il envoie un de ses anges devant vous pour vous préparer les chemins du ciel.

Votre très-obéissant fils en Jésus-Christ,


Joseph.

Vienne, juillet 1784.


À une dame.

 Madame,

Vous connaissez mon caractère ; vous n’ignorez pas que la société des dames est pour moi une simple récréation, et que je n’ai jamais sacrifié mes principes au beau sexe ; j’écoute peu les recommandations, et je ne les prends en considération que lorsque le sujet en faveur duquel on me sollicite a un vrai mérite.

Deux de vos fils sont déjà comblés de faveurs. L’aîné, qui n’a pas encore vingt ans, est chef d’escadron dans mon armée, et le cadet a obtenu de l’électeur mon frère un canonicat à Cologne. Que voulez-vous donc de plus ? Ne faudrait-il pas que le premier fût déjà général, et que le second eût un évêché ?

En France, on voit des colonels en lisière, et en Espagne les princes royaux commandent, même à dix-huit ans, des armées ; aussi le prince de Stharemberg les força-t-il tant de fois à la retraite, que, durant leur vie entière, ces messieurs ne purent plus concevoir une autre manœuvre.

Il faut être sincère à la cour, sévère en campagne, stoïcien sans dureté, magnanime sans faiblesse, et obtenir l’estime de ses ennemis même par des actions justes, et c’est le but, Madame, auquel je veux atteindre.


Joseph.

Vienne, septembre 1787.


(Extrait des Lettres inédites de Joseph II, publiées à Paris chez Persan, 1822.)