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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/417

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Au Pape Pie VI.

 Très-Saint Père,

Les fonds du clergé de mes États ne sont pas destinés, comme on s’est permis de le dire à Rome, à s’éteindre avec mon règne, mais plutôt à devenir un soulagement pour mon peuple ; et comme leur continuité, aussi bien que le déplaisir qu’on a fait éclater à cet égard, appartiennent au domaine de l’histoire, la postérité s’en emparera sans notre coopération : ce sera donc un monument, et j’espère qu’il ne sera pas le seul de mon époque.

J’ai supprimé les couvens superflus et les congrégations plus superflues encore ; leur revenu sert à l’entretien des curés et à l’amélioration des institutions primaires ; mais parmi la comptabilité que je suis obligé de confier à des employés de l’État, le fonds de ce dernier n’a chez moi absolument rien de commun avec celui de l’Église. Un fait ne doit être jugé que par le but qu’on veut atteindre, et les résultats de ce fait ne pourront être appréciés que par leur succès qu’on ne connaîtra que dans quelques années.

Mais je vois bien qu’à Rome la logique n’est pas la même que dans mes États ; et de-là vient ce défaut d’harmonie entre l’Italie et l’Empire.

Si Votre Sainteté eût pris le charitable soin de s’informer aux vraies sources de ce qui s’est passé dans mes États, bien des choses ne seraient pas arrivées ; mais il est, ce me semble, des personnes à Rome qui voudraient que l’obscurité se prolongeât de plus en plus sur notre pauvre globe.

Voilà le court aperçu des causes qui ont nécessité mes dispositions ; j’espère que vous excuserez la brièveté de ma lettre en considérant que je n’ai ni le temps ni le talent qu’il faudrait pour traiter un thème si vaste à la manière usitée dans un musée romain.

Je prie Dieu qu’il vous conserve encore long-temps à son