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La reine remplissait assez gauchement les rôles qu’elle adoptait ; elle ne pouvait guère l’ignorer, par le peu de plaisir que faisait sa manière de jouer. Quelqu’un osa même dire assez haut, un jour qu’elle se donnait ainsi en spectacle : Il faut convenir que c’est royalement mal jouer. Cette leçon fut perdue pour elle, parce que jamais elle ne sacrifiait à l’opinion d’autrui rien de ce qu’elle croyait indifférent en soi-même, et devoir lui être permis.

Louis XIV avait le même goût ; il dansait sur le théâtre ; mais il avait prouvé, par des actions éclatantes, qu’il savait contraindre au respect, et d’ailleurs il renonça sans hésiter à cet amusement dès qu’il eut entendu réciter les beaux vers où Racine lui représentait combien de pareils passe-temps étaient indignes de lui.

La reine n’eut pas la même docilité. Quand des personnes sages lui dirent que, par la trop grande modestie de ses vêtemens, que par le genre de ses divertissemens et son aversion pour l’éclat qui doit toujours accompagner une reine, elle se donnait une apparence de légèreté qu’une partie du public interprétait mal, elle répondait comme madame de Maintenon : « Je suis sur le théâtre, il faut bien qu’on me siffle ou qu’on m’applaudisse. » (Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoie.)


Note (T), page 233.

« Franklin naquit à Boston, dans la Nouvelle-Angleterre, le 17 janvier 1706. Son père était fabricant de chandelles, et il apprit d’abord cette profession. À l’âge de 14 ans, brûlant du désir de s’instruire, il partit de la maison paternelle pour Philadelphie, et sut se faire admettre chez le seul imprimeur qu’il y eût alors dans cette ville et dans toute l’Amérique septentrionale. Il y vécut de pain et d’eau pendant un an, afin de pouvoir acheter les livres dont il avait