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persuadé de son importance ; mais quand son orgueil s’applaudit, qu’il se croit sûr que le cœur royal vient de lui être ouvert, aveuglé par sa vanité, il ne se doute pas que ce cœur renferme encore mille replis qui lui seront toujours cachés. Il n’est que la dupe et le jouet de celui dont il se croit le confident. Au même instant, un autre a reçu peut-être une mission opposée, qui, sans doute, ne s’accorde pas davantage avec les véritables projets du prince. Tous deux se croient les seuls dépositaires des pensées du souverain, et sur cette base trompeuse bâtissent l’édifice imaginaire d’un crédit qu’ils n’auront pas.

Ce jeu des cours est surtout en usage quand l’autorité supérieure est forcée de satisfaire ou de calmer des opinions diverses, sans en adopter franchement aucune. Mais avec cette habitude d’éparpiller ainsi les marques d’une confiance illusoire, quand sont venus les temps de troubles et de factions, le souverain finit par ne plus trouver d’appui solide ni d’entier dévouement.

Louis XVI eut une quantité innombrable de confidens, de conseils, de guides : il en prit jusque dans les factions qui l’attaquaient. Il n’a peut-être jamais tout dit à un seul, et