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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/58

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Toscane, et aussi enthousiaste des maximes des novateurs que l’était son souverain.

Mon père rendait un sincère hommage à la pureté des intentions de ces économistes. Comme eux il reconnaissait beaucoup d’abus dans le gouvernement ; mais il n’accordait point aux adeptes de cette secte politique les lumières administratives nécessaires pour diriger une sage réforme. Il leur disait avec franchise que, dans l’art de faire mouvoir la grande machine du gouvernement, le plus savant d’entre eux était inférieur à un bon subdélégué d’intendance, et que, si jamais le timon des affaires était remis entre leurs mains, ils seraient promptement arrêtés, dans l’exécution de leurs projets, par l’immense différence qui existe entre les plus savantes théories et la pratique la plus simple des affaires d’administration.

Dans un de ces entretiens qui, malgré ma grande jeunesse, fixaient mon attention, j’entendis un jour mon père comparer la monarchie française à une belle et antique statue : il convenait que le piédestal, qui la soutenait, était près de s’écrouler ; que les formes de la statue disparaissaient cachées sous les plantes parasites dont elle s’était insensiblement cou-