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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/57

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tent des pays étrangers un amour encore plus vif pour leur belle patrie, et personne ne fut plus que lui pénétré de ce sentiment qui doit être la première vertu de tout homme en place. Des gens revêtus de titres éminens, des académiciens, des savans français et étrangers, désiraient connaître mon père ; ils aimaient à être admis dans son intérieur.

Vingt années avant la révolution, j’entendais déjà dire souvent que l’on ne retrouvait plus dans le palais de Versailles cet imposant aspect de la puissance de Louis XIV ; que les institutions de l’ancienne monarchie tombaient d’un mouvement rapide ; que le peuple, écrasé d’impôts, était silencieusement misérable ; mais qu’il commençait à prêter l’oreille aux discours hardis des philosophes qui proclamaient hautement ses souffrances et ses droits ; et qu’enfin le siècle ne s’achèverait pas, sans que quelque grande secousse ne vînt ébranler la France et changer le cours de ses destinées.

Les gens qui parlaient ainsi étaient presque tous partisans du système d’administration de M. Turgot : c’étaient Mirabeau le père, le docteur Quesnay, l’abbé Baudeau, l’abbé Nicoli, chargé des affaires de Léopold, grand-duc de