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Marie Leckzinska venait de mourir ; la mort du dauphin avait précédé la sienne de trois ans ; les jésuites étaient détruits, et la piété ne se trouvait plus guère à la cour que dans l’intérieur de Mesdames ; le duc de Choiseul régnait.

Le roi ne pensait qu’au plaisir de la chasse ; on aurait pu croire que les courtisans se permettaient une épigramme, quand on leur entendait dire sérieusement, les jours où Louis XV ne chassait pas, le roi ne fait rien aujourd’hui.

Les petits voyages étaient aussi une affaire très-importante pour le roi. Le premier jour de l’an il marquait sur son almanach les jours de départ pour Compiègne, pour Fontainebleau, pour Choisy, etc. Les plus grandes affaires, les événemens les plus importans ne dérangeaient jamais cette distribution de son temps.

L’étiquette existait encore à la cour avec toutes les formes qu’elle avait reçues sous Louis XIV ; il n’y manquait que la dignité : quant à la gaieté, il n’en était plus question ; de lieu de réunion où l’on vit se déployer l’esprit et la grâce des Français, il n’en fallait point chercher à Versailles. Le foyer de l’esprit et des lumières était à Paris.

Depuis la mort de la marquise de Pompadour, le roi n’avait pas de maîtresse en titre ; il se contentait des plaisirs que lui offrait son petit sérail du Parc-aux-Cerfs. Séparer Louis de Bourbon du roi de France, était, comme on le sait, ce que le monarque trouvait de plus piquant dans sa royale