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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/72

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noble modèle de toutes les vertus pieuses et sociales ; par ses éminentes qualités, par sa modeste dignité, cette princesse voilait les torts que trop malheureusement on était autorisé à reprocher au roi ; et tant qu’elle vécut elle conserva, à la cour de Louis XV, cet aspect digne et imposant qui seul entretient le respect dû à la puissance. Les princesses ses filles furent dignes d’elle, et, si quelques êtres vils essayèrent de lancer contre elles les traits de la calomnie, ils tombèrent aussitôt repoussés par la haute idée qu’on avait de l’élévation de leurs sentimens et de la pureté de leur conduite.

Si Mesdames ne s’étaient pas imposé un grand nombre d’occupations, elles eussent été très à plaindre. Elles aimaient la promenade et ne pouvaient jouir que des jardins publics de Versailles : elles auraient eu du goût pour la culture des fleurs, et n’en pouvaient avoir que sur leurs fenêtres.

La marquise de Durfort, depuis duchesse de Civrac[1], avait procuré à madame Victoire les douceurs d’une société aimable. La princesse passait presque toutes ses soirées chez cette dame, et avait fini par s’y croire en famille.

Madame de Narbonne s’était de même empressée

  1. La duchesse de Civrac, grand’mère de deux héros de la Vendée, Lescure et La Roche-Jaquelin, par le mariage de sa fille aînée avec M. d’Onissan ; et de l’infortuné Labédoyère, par le mariage de sa seconde fille avec M. de Chastellux.
    (Note de madame Campan.)