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paria, contre son vœu, une discrétion avec le duc de Tarouka qui avait soutenu qu’elle donnerait le jour à un archiduc. Il perdit par la naissance de la princesse, et fit exécuter en porcelaine une figure qui avait un genou en terre, et présentait des tablettes sur lesquelles le célèbre Métastase fit graver les vers suivans[1] :


Jo perdei : l’augusta figlia
A pagar, m’a condannato ;
Ma s’è ver che a voi somoglia,
Tutto il mondo ha guadagnato.


La reine s’entretenait avec plaisir des premières années de sa jeunesse. Son père, l’empereur François, avait fait une profonde impression sur son cœur ; elle le perdit qu’elle avait à peine sept ans. Une de ces circonstances qui se gravent fortement dans la mémoire des enfans, lui rappelait souvent ses dernières caresses. L’empereur partit pour Inspruck ; il était déjà sorti de son palais, lorsqu’il

  1. La réputation de Métastase s’étant répandue en Europe, après le succès de son opéra, intitulé : Didone abbandonata, l’empereur Charles VI l’appela dans sa cour. Il reçut le titre de poeta cesareo avec un traitement de trois mille florins. Ce fut à Vienne, où il vécut aimé, estimé, honoré même de l’impératrice Marie-Thérèse, qu’il composa la plupart de ses chefs-d’œuvre. N’oublions pas que, dans le nombre des poésies légères qui étaient pour sa muse d’agréables délassemens, et qu’il offrait aux jeunes archiduchesses, se trouve une cantate flatteuse pour la nation française.
    (Note de l’édit.)