Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Enivré de la réception que la cour de Vienne lui avait faite, n’ayant rien vu de grand avant cette époque, l’abbé de Vermond n’admirait et n’estimait que les usages de la famille impériale ; il ne cessait de tourner en dérision l’étiquette de la maison de Bourbon ; la jeune dauphine était sans cesse excitée par ses sarcasmes à s’en dégager, et ce fut lui qui, le premier, lui fit supprimer une infinité d’usages dont il ne jugeait ni la sagesse ni le but politique. Tel est le portrait exact de cet homme que l’étoile funeste de Marie-Antoinette lui avait réservé pour guider ses premiers pas sur un théâtre aussi éminent et aussi dangereux que celui de la cour de Versailles.

On trouvera peut-être que je peins sévèrement le caractère de l’abbé de Vermond ; mais comment pourrais-je voir sous des couleurs favorables un homme qui, après s’être arrogé le rôle important de confident et de conseiller unique de la reine, la dirigea avec si peu de prudence, et nous donna la douleur de voir cette princesse mêler à des qualités qui faisaient le charme de tout ce qui l’environnait, des torts qui nuisaient à sa gloire et à son bonheur ? Quand volontairement un homme s’empare de devoirs aussi importans, le succès complet peut seul légitimer son ambition.

Tandis que M. de Choiseul, satisfait du sujet que M. de Brienne lui avait présenté, l’envoyait à Vienne avec tous les éloges faits pour inspirer une confiance illimitée, le marquis de Durfort faisait partir un valet de chambre coiffeur et quelques modes