Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/94

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il reçut l’ordre de se rendre tous les soirs au cercle de la famille impériale.

Il est très-probable, par les relations constantes et connues de cet homme avec le comte de Mercy, ambassadeur de l’Empire pendant toute la durée du règne de Louis XVI, qu’il était utile à la cour de Vienne[1], et qu’il a souvent déterminé la reine à des démarches dont elle n’appréciait pas les conséquences. Né dans une classe obscure de la bourgeoisie[2], imbu de tous les principes de la philosophie moderne, et cependant tenant plus qu’aucun ecclésiastique à la hiérarchie du clergé, vain, bavard, fin et brusque à la fois, fort laid et affectant l’homme singulier ; traitant les gens les plus élevés comme ses égaux, quelquefois même comme ses inférieurs, l’abbé de Vermond recevait des ministres et des évêques dans son bain ; mais disait en même temps que le cardinal Dubois avait été un sot ; qu’il fallait qu’un homme de sa sorte, parvenu au crédit, fît des cardinaux et refusât de l’être.

  1. Comment supportez-vous ce bavard ennuyeux ? disait un jour au comte de Mercy une personne qui avait dîné avec l’abbé de Vermond chez cet ambassadeur. — Comment me le demandez-vous ? répondit M. de Mercy ; vous pourriez vous-même faire la réponse : c’est que j’en ai besoin.
    (Note de madame Campan.)
  2. Fils d’un chirurgien de village, et frère d’un accoucheur qui le fut de la reine, l’abbé de Vermond, quand il était chez Sa Majesté, n’appelait jamais son frère que M. l’accoucheur, en lui adressant la parole.
    (Note de madame Campan.)