Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/106

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le lendemain, par une personne sûre, quelques rouleaux de cinquante louis, en la faisant assurer qu’elle veillerait toujours à son sort et à celui de son fils.

La reine voulut envoyer un homme dévoué à la cause du roi porter des lettres aux princes qui étaient alors à Turin. Elle jeta les yeux sur un officier, chevalier de Saint-Louis, intimement lié avec la famille de M. Campan, et dont elle m’avait souvent entendu parler avec éloge. Je ne balançai pas un instant entre le plaisir de voir un de mes amis chargé d’une commission honorable, et le danger de la faire confier à un homme que j’avais la douleur de voir entraîné par les funestes opinions du temps[1]. Je le dis à la reine, et la priai de faire un autre choix. Sa Majesté me sut gré de cette sincérité ; la commission fut donnée à M. de J*** qui, depuis ce temps, n’a jamais cessé d’unir à la plus grande discrétion, à la sagacité la plus reconnue, un zèle qui ne s’est jamais ralenti.

  1. En 1791, cet homme se fit élire à l’Assemblée législative. Tant que je n’avais eu qu’à combattre ses opinions, je n’avais pas cessé de le recevoir. Lorsque je pus craindre ses actions, je le priai, dès le jour de l’installation à son Assemblée, de cesser de venir chez moi. Il a depuis été conventionnel… Mais je devais à mes principes et à ma prudence le bonheur d’avoir cessé depuis long-temps toute espèce de communication avec un homme qui s’était rangé parmi les ennemis de mes souverains et qui devint un de leurs bourreaux.
    (Note de madame Campan.)