Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/166

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principes républicains les plus exagérés. Formée au sein des assemblées populaires, elle était uniquement pénétrée de l’esprit qui les animait. La constitution avait été, comme je l’ai dit, présentée au roi le 3 septembre ; je reviens sur cette présentation, parce qu’elle offrait un sujet de délibération bien important. Tous les ministres, excepté M. de Montmorin, insistèrent sur la nécessité d’accepter l’acte constitutionnel dans son entier. Ce fut aussi l’avis du prince de Kaunitz. Malouet désirait que le roi s’expliquât avec sincérité sur les vices et les dangers qu’il remarquait dans la constitution. Mais Duport et Barnave, alarmés de l’esprit qui régnait dans la société des jacobins, et même dans l’Assemblée où Robespierre les avait déjà dénoncés comme traîtres à la patrie, et craignant de grands malheurs, unirent leurs avis à ceux de la majorité des ministres et de M. de Kaunitz. Ceux qui voulaient franchement maintenir la constitution conseillaient de ne point l’accepter purement et simplement ; de ce nombre étaient, comme je l’ai dit, MM. Montmorin et Malouet. Le roi paraissait goûter leur avis ; et c’est une des plus grandes preuves de la sincérité de l’infortuné monarque[1].

  1. Pour confirmer le jugement que madame Campan porte en cet endroit sur les intentions de Louis XVI, je crois devoir donner le récit fait par Bertrand de Molleville de sa première entrevue avec ce prince.

    « Comme c’était la première fois que j’avais l’honneur de me