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qui porterait un caractère autre que celui de la contrainte, ne fût une véritable sanction, capable de maintenir le nouveau gouvernement. Les désordres les plus effrénés paraissaient préférables, parce qu’ils entretenaient l’espoir d’un changement total ; et vingt fois, quand les gens peu instruits de la politique secrète de la cour se permettaient de témoigner l’effroi que leur inspiraient les sociétés populaires, les initiés répondaient qu’un sincère royaliste devait chérir les jacobins. Mon opinion sur la terreur qu’ils m’inspiraient m’a souvent attiré cette repartie, et m’aura sûrement mérité de même le titre de constitutionnelle ; tandis que, par principes et par manque des lumières qui, je crois, ne devaient pas même appartenir aux personnes de mon sexe, je n’étais occupée que de chérir et bien servir la princesse infortunée à laquelle était liée ma destinée.

La lettre que le roi écrivit à l’Assemblée, pour demander d’accepter la constitution dans le lieu même où elle avait été formée, et où il annonçait qu’il se rendrait le 14, à midi, fut reçue avec transport, et de nombreux applaudissemens en interrompirent plusieurs fois la lecture. La séance fut terminée par l’élan de l’enthousiasme. M. de La Fayette obtint la mise en liberté de tous les gens détenus à raison du départ du roi ; l’abolition immédiate de toutes les procédures relatives aux événemens de la révolution ; l’anéantissement de l’usage des passe-ports et de toutes les gênes momen-