Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/207

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succès et sur la protection que le ciel devait à un souverain aussi vertueux que l’était Louis XVI, et à une cause aussi juste.

Les constitutionnels, de leur côté, voyaient qu’on avait seulement feint de les écouter. Les derniers avis de Barnave avaient été donnés sur les moyens de conserver, quelques semaines de plus, la garde constitutionnelle dénoncée à l’Assemblée, et qui devait être cassée. Les dénonciations contre la garde constitutionnelle ne concernaient que l’état-major de cette garde et le duc de Brissac. Barnave écrivit à la reine que l’état-major de la garde était déjà attaqué ; que l’Assemblée allait rendre un décret pour le casser ; qu’il la suppliait, à l’instant même où le décret paraîtrait, d’obtenir du roi de recréer cet état-major et de le composer des gens dont il lui envoyait les noms. Je n’ai pas vu cette liste, mais Barnave disait que tous ceux qui la composaient passaient pour être jacobins prononcés, et ne l’étaient pas ; qu’ils étaient, ainsi que lui, désolés de voir porter atteinte au gouvernement monarchique ; qu’ils avaient su dissimuler leurs sentimens, et que l’Assemblée serait quinze jours au moins avant de pouvoir les bien connaître, et surtout avant d’avoir pu les dépopulariser ; qu’il fallait profiter de ce court espace de temps pour s’éloigner de Paris, et cela dans les premiers jours de la nomination de ceux qu’il désignait. La reine crut ne pas devoir céder à cet avis. M. le duc de Brissac fut envoyé à Orléans, et la garde fut cassée.