Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Barnave, voyant que la reine n’adoptait aucun de ses avis, et jugeant qu’elle mettait toutes ses espérances dans les secours du dehors, résolut de s’éloigner de Paris. Il obtint une dernière audience. « Vos malheurs, Madame, et ceux que je prévois pour la France, m’avaient déterminé à me dévouer à vous servir. Je vois que mes avis ne répondent pas aux vues de Vos Majestés. J’augure peu de succès du plan que l’on vous fait suivre ; vous êtes trop loin des secours ; vous serez perdus avant qu’ils parviennent à vous. Je désire ardemment me tromper dans une si douloureuse prédiction ; mais je suis bien sûr de payer de ma tête l’intérêt que vos malheurs m’ont inspiré, et les services que j’ai voulu vous rendre. Je demande pour toute récompense l’honneur de baiser votre main. » La reine lui accorda cette faveur, les yeux baignés de pleurs, et conserva l’idée la plus favorable de l’élévation des sentimens de ce député. Madame Élisabeth les partageait, et les deux princesses s’entretenaient souvent de Barnave avec intérêt. Elle avait aussi reçu plusieurs fois M. Duport, mais avec moins de mystère. Ses relations avec les députés constitutionnels furent connues. Alexandre de Lameth fut le seul des trois qui survécut à la vengeance des jacobins[1].

  1. Après ce qu’on vient de lire sur Barnave, après ce qu’on sait de ses travaux pour la liberté, de ses efforts pour le maintien du trône, de ses talens, de son éloquence, l’intérêt qu’il