Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/316

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Varennes, la reine en commença mystérieusement les apprêts. Elle désira se faire précéder par beaucoup de choses utiles dans des temps ordinaires, mais qu’il eût été plus prudent de regarder alors comme superflues.

Je reçus l’ordre de préparer, de la manière la plus secrète, un trousseau complet pour la reine, Madame sa fille et monseigneur le dauphin. L’espionnage de l’Assemblée était alors porté à un tel degré, et les moindres actions des gens connus pour posséder la confiance des souverains, épiées avec tant de soins, que je fus obligée d’aller à pied, et presque déguisée, acheter tous les objets nécessaires.

Ma sœur fit faire les hardes destinées à l’usage de Madame et du dauphin, en supposant un présent qu’elle devait envoyer en province. Les malles passèrent aux frontières comme appartenant à une de mes tantes, madame Cardon, veuve du major de la ville d’Arras, qui se rendit à Bruxelles avec l’ordre d’y attendre la reine, et qui ne rentra en France qu’après l’acceptation de la constitution, en septembre 1791.

Un nécessaire énorme pour sa dimension, et qui contenait depuis une bassinoire jusqu’à une écuelle d’argent, parut un meuble dont on ne pouvait se passer. La reine chercha un moyen de faire parvenir à Bruxelles son nécessaire. Elle l’avait commandé à l’époque des premières insurrections, en 1789, pour lui servir en cas de fuite précipitée. Le