Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/71

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comte de Mercy à revenir près d’elle. Cette lettre ne contenait que des conditions pour son retour ; c’était le plus bizarre des traités : je regrettai beaucoup, je l’avoue, d’être obligée de détruire cet écrit. Il reprochait à la reine son engouement pour la comtesse Jules, sa famille et sa société ; lui disait des choses vraies sur les suites fâcheuses que pouvait avoir cette amitié qui plaçait cette jeune dame au nombre des favorites des reines de France, titre que la nation n’avait jamais aimé. Il se plaignait de voir ses avis négligés ; puis il en venait aux conditions pour son retour à Versailles : après avoir bien assuré qu’il ne viserait de sa vie aux grandes dignités de l’Église, il disait qu’il mettait sa gloire dans une confiance entière ; et qu’il demandait essentiellement deux choses à Sa Majesté ; la première, de ne plus lui faire donner ses ordres par personne, et de lui écrire elle-même : il se récriait beaucoup sur ce qu’il n’avait pas une seule lettre de sa main, depuis qu’il avait quitté Vienne ; enfin, il lui demandait quatre-vingt mille livres de revenu en biens ecclésiastiques, et terminait en lui disant que si elle daignait lui écrire elle-même qu’elle allait s’occuper de lui faire obtenir ce qu’il désirait, cette lettre seule lui montrerait que Sa Majesté aurait accepté les deux conditions qu’il osait mettre à son retour. La lettre fut sans doute écrite ; du moins, il est bien sûr que les abbayes furent accordées, et que son absence de Versailles ne dura qu’une seule semaine.