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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/73

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ce qui tenait au sacrifice de ses plaisirs, mais refusa son adhésion aux autres décrets de cette tumultueuse nuit : ce refus devint une des principales causes des crises du mois d’octobre.

Dès les premiers jours de septembre, il y eut des attroupemens au Palais-Royal, et des motions pour aller à Versailles : on disait qu’il fallait séparer le roi de ses funestes conseillers, et le garder au Louvre ainsi que le dauphin. Les proclamations de la commune, pour ramener le calme, furent inutiles ; mais cette fois, M. de La Fayette parvint à dissiper les attroupemens. L’Assemblée se déclara permanente ; et, pendant tout ce mois où, sans doute, on préparait les grandes insurrections du mois suivant, la cour ne fut point inquiétée.

Le roi avait fait venir à Versailles le régiment de Flandre ; on eut malheureusement l’idée de faire fraterniser les officiers de ce régiment avec les gardes-du-corps, et ces derniers les invitèrent à un repas qui fut donné dans la grande salle de spectacle du château de Versailles, et non dans le salon d’Hercule, comme le disent quelques chroniqueurs. Des loges furent distribuées à plusieurs personnes

    par ses cris l’ivresse de ses nouveaux alliés ; et les députés des communes, voyant que cette nuit mémorable ne leur offrait que du profit sans honneur, consolèrent leur amour-propre en admirant ce que peut la noblesse entée sur le tiers-état. Ils ont nommé cette nuit la nuit des dupes, les nobles l’ont nommée la nuit des sacrifices. »

    (Note de l’édit.)