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aux manufactures. Depuis le traité de commerce fait avec l’Angleterre, à la paix de 1783, non-seulement les équipages, mais tout, jusqu’aux rubans et aux faïences communes, fut de fabrique anglaise. Si cette influence des goûts anglais se fût bornée à remplir les salons de jeunes gens en frac, au lieu de les y voir dans l’habit français, le bon goût et le commerce auraient pu seuls en souffrir : mais l’esprit du gouvernement anglais remplissait toutes ces jeunes têtes : constitution, chambre haute, chambre basse, garantie nationale, balance des pouvoirs, grande chartre, loi de l’habeas corpus, tous ces mots étaient sans cesse répétés, rarement bien entendus ; mais ils tenaient aux bases d’un parti qui se formait.


Le goût de la parure, auquel la reine s’était livrée pendant les premières années du règne, avait fait place à un amour de simplicité porté même à un degré impolitique, l’éclat et la magnificence du trône n’étant pas jusqu’à un certain degré séparés en France des intérêts de la nation.

Excepté les jours de très-grande réunion à la cour, tels que le Ier janvier, le 2 février consacrés à la procession de l’ordre du Saint-Esprit, et aux fêtes de Pâques, de la Pentecôte et de Noël, la reine ne portait plus que des robes de percale ou de taffetas de Florence blanc. Sa coiffure se bor-