Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/111

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criant, hurlant, précédée d’un monstre, d’un tigre, que la municipalité de Paris cherche avec le plus grand soin, d’un homme à longue barbe, qui jusqu’à présent servait de modèle à l’académie de peinture, et qui, depuis les troubles, s’est livré à son goût pour le meurtre, et a lui seul coupé toutes les têtes des malheureuses victimes de la fureur populaire. Quand on pense que c’est cette même troupe qui, à six heures du matin, avait forcé le poste de l’escalier de marbre, enfoncé les portes des antichambres, et pénétré jusqu’à l’endroit où ce brave garde-du-corps fit une résistance assez longue pour nous donner le temps de sauver la reine ; quand on se rappelle que cette terrible armée courait les rues de Versailles toute la nuit, on trouve encore que le ciel nous a protégés ; on remarque le pouvoir de la Providence, et ce danger passé fait espérer pour l’avenir. D’ailleurs il est reconnu aujourd’hui que tous les funestes événemens dont je n’ai pu vous présenter qu’une faible esquisse, ont été le hideux résultat du plus noir, du plus épouvantable des complots ; la ville de Paris va en rechercher les auteurs. Mais je doute qu’elle les découvre tous, et je crois que la postérité seule sera éclairée sur ces horribles secrets.

La sévérité de la loi martiale, la grande activité des chefs de la milice et du corps de ville, l’attachement, la vénération de tous les citoyens de la capitale pour l’auguste famille qui est venue s’enfermer dans ses murs, et qui est bien déterminée à