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à l’hypocrisie. Le règne de Louis XV fut faible. Pendant les premières années de ce règne, sa jeunesse, sa beauté, quelques succès dans les armes, le firent chérir par les Français ; bientôt le libertinage le plus effréné lui fit perdre cette première bienveillance du peuple, et lui ravit même l’estime de sa cour.

À la mort de Louis XV, Louis XVI monta sur le trône avec toutes les vertus d’un homme, mais peu de celles qui conviennent à un grand roi, et qui lui deviennent indispensables dans des temps où les peuples sont agités par l’esprit des factions[1].

  1. Si Louis XVI n’eut pas les qualités d’un grand roi, du moins, sous un ministre habile et ferme, qui aurait su fixer ses irrésolutions, déjouer les intrigues de la cour, ou vaincre ses résistances, il aurait eu les vertus et le règne d’un bon roi. Jamais on ne porta plus loin l’amour du bien public, et même en 1791, quand sa puissance déchue, son autorité méprisée, présentaient à son esprit de douloureux sujets de réflexions, il souffrait surtout des maux qu’éprouvait le royaume et de ceux qu’il prévoyait.

    « Nous fûmes témoins dans le conseil, dit Bertrand de Moleville, pendant l’Assemblée législative, d’une scène.... beaucoup trop intéressante pour être passée sous silence. M. Cahier de Gerville y lut un projet de proclamation relativement aux assassinats et au pillage qui se commettaient dans plusieurs départemens contre les nobles et sur leurs biens, toujours sous le prétexte banal d’aristocratie. Il y avait dans cette proclamation la phrase suivante : Ces désordres troublent bien amèrement le bonheur dont nous jouissons. « Changez cette phrase, » dit le roi à M. Cahier