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particulière en se la faisant ouvrir par quelques garçons du château qui avaient ses faveurs. À peu près dans le même temps, elle a fait demander M. Gauthier, le chirurgien des chevau-légers, pour accoucher chez elle une femme dont le visage était couvert d’un crêpe noir, et fournit au chirurgien les serviettes dont il avait besoin, et qui toutes étaient marquées à la couronne, selon les dépositions de Gauthier. Elle lui a de même procuré, pour bassiner le lit de l’accouchée, une bassinoire aux armes des princesses, et un bol de bouillon en argent et portant les mêmes armes. Depuis les informations commencées sur cette affaire, nous savons de même que c’est encore un garçon, servant chez Mesdames, qui lui a procuré ces objets ; mais elle a fait circuler cet odieux et criminel mensonge parmi les gens de son espèce, et il a même percé jusqu’à des gens dont les opinions ont plus d’importance. Ce n’est pas tout encore, ajouta le ministre, elle a avoué tous ses crimes ; mais au milieu des pleurs et des sanglots du repentir, elle a déclaré qu’elle était née pour la vertu, et avait été entraînée dans le chemin du vice par son confesseur, M. le curé Baret, qui l’avait séduite dès l’âge de 14 ans : le curé lui a été confronté. Cette malheureuse, dont l’air et le maintien ne ressemblent nullement à la perversité de son esprit et de ses mœurs, a eu l’effronterie de soutenir en sa présence ce qu’elle avait déclaré, et a osé appuyer cette déclaration d’un fait qui semblait affirmer la liaison