Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/16

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dit le roi, je pardonne à ton ignorance et à ta sincérité ; je te ferai donner les cent louis sur ma cassette, et je te ferai chasser la première fois que tu t’aviseras de me présenter un placet. »


Louis XIV était fort bon pour ses serviteurs intimes ; mais aussitôt qu’il prenait son attitude de souverain, les gens les plus accoutumés à le voir dans ses habitudes privées étaient aussi intimidés que si, pour la première fois de leur vie, ils paraissaient en sa présence. Des membres de la maison civile de Sa Majesté, appelés alors commensalité, jouissant du titre d’écuyers et des priviléges attachés aux officiers de la maison du roi, eurent à réclamer quelques prérogatives dont le corps de ville de Saint-Germain, où ils résidaient, leur contestait l’exercice. Réunis en assez grand nombre dans cette ville, ils obtinrent l’agrément du ministre de la maison pour envoyer une députation au roi, et choisirent parmi eux deux valets de chambre de Sa Majesté, nommés Bazire et Soulaigre. Le lever du roi fini, on appelle la députation des habitans de la ville de Saint-Germain ; ils entrent avec confiance, le roi les regarde et prend son attitude imposante. Bazire, l’un de ces valets de chambre, devait parler ; mais Louis-le-Grand le regarde. Il ne voit plus en lui le prince qu’il sert habituellement dans