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LETTRE III.

Zoé à Élisa.

Valence, 28 mars 1808.

Ta lettre m’a donné tant d’humeur, que je suis restée six jours sans y répondre. Je n’ai donc plus de consolation à espérer, puisque ma meilleure amie n’est qu’un docteur. Si j’avais su cela, je ne me serais pas liée avec toi ; Rosalie et Mathilde Buret me convenaient bien mieux, elles voulaient être mes amies ; mais je les ai fâchées si fort en te préférant, que je ne puis renouer avec elles. Je sais qu’elles se réjouissent de mon départ ; je ne serai donc ni regrettée ni consolée. Je partirai avec une telle humeur, qu’assurément il y aura du mérite à faire quelque chose de moi dans ce beau château d’Écouen.

Notre départ est fixé au 10 avril. Croirais-tu que mon père a prescrit à ma pauvre maman de ne me garder que vingt-quatre heures à Paris ? et il a défendu de me mener au spectacle et dans les promenades publiques ? Maman obéira ; elle est si craintive ! Je serai seulement présentée à M. le Grand-Chancelier de la Légion d’honneur et à la