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LETTRE XVII.

Élisa à Zoé.

Fréville, ce 6 juin 1808.

Un événement effrayant, mais heureusement terminé, ma chère Zoé, vient de resserrer encore, et pour toujours, cette tendre amitié qui unit nos deux familles. Ton respectable père se porte mieux que jamais ; mais il doit maintenant la vie à la jeunesse et à l’intrépidité de mon frère. De tous les faits glorieux dont il espère embellir sa carrière, celui-là sera toute sa vie le plus cher à son cœur : il le disait à ton père avec une expression de tendresse qui faisait de cette simple vérité la chose la plus touchante du monde. Je vais te faire le récit de ce qui s’est passé hier à cinq heures, et qui avait d’abord jeté l’alarme dans tout le canton.

Tu sais sans doute que, depuis quelques jours, tes parens sont à la terre de Mirbot. Il n’y a que deux lieues de cette campagne à la cure de mon oncle : ton père, qui peut maintenant monter à cheval, a voulu lui faire une visite. Il avait formé le projet de faire cette course sans palefrenier ; ta mère s’y était opposée ; mais, comme tu le sais,