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LETTRE XXII.

Le Curé de Fréville à Élisa.

Fréville, ce 18 mai 1808.

Ma chère Élisa, la conduite que vous avez tenue lundi dernier, m’a trop affligé pour qu’il m’ait été possible de vous en parler avant de vous quitter ; et puisque j’ai lieu de m’en plaindre, j’aime mieux le faire en vous écrivant, et séparer ainsi de nos entretiens tout ce qui pourrait en altérer la douceur. N’oubliez jamais, mon Élisa, la manière dont vous vous êtes conduite au château de Mirbot ; conservez-en le souvenir comme d’un fâcheux exemple de tout ce qu’à l’avenir vous devez scrupuleusement éviter.

Je commence par votre toilette qui, assez convenable dans une réunion d’hiver à Valence, était déplacée à la campagne, surtout pour la nièce d’un curé de village. Lorsque je vis descendre, dans les bras de mon gros jardinier, une jolie personne ornée de branches de lilas et d’ambre éclatant, et que votre ceinture de ruban s’embarrassa dans le harnais à peau de mouton de ma vieille jument, le contraste ridicule de votre toilette et de votre équipage me blessa, mais malheureuse-