Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

expressions un peu cavalières dont il se servit pour rassurer le roi ; mais le récit qu’il en faisait, lorsque l’on fut calmé sur les suites de ce funeste événement, amusa pendant long-temps les sociétés où on le lui faisait raconter. Ce M. de Landsmath était un vieux militaire qui avait donné de grandes preuves de valeur ; rien n’avait pu soumettre son ton et son excessive franchise aux convenances et aux usages respectueux de la cour. Le roi l’aimait beaucoup. Il était d’une force prodigieuse et avait souvent lutté de vigueur du poignet avec le maréchal de Saxe, renommé pour sa grande force[1]. M. de Landsmath avait une voix tonnante. Entré chez Louis XV, le jour de l’horrible attentat de Damiens, peu d’instans après, il trouva près du roi la dauphine et Mesdames filles du roi ; toutes ces princesses, fondant en larmes, entouraient le lit de Sa Majesté. « Faites sortir toutes ces pleureuses, Sire, dit le vieil écuyer, j’ai besoin de vous parler seul. » Le roi fit signe aux princesses de se retirer. « Allons, dit Landsmath, votre blessure n’est rien, vous aviez force vestes et gilets. »

  1. Un jour que le roi chassait dans la forêt de Saint-Germain, Landsmath, courant à cheval devant lui, veut faire ranger un tombereau rempli de la vase d’un étang qu’on venait de curer ; le charretier résiste, et répond même avec impertinence. Landsmath, sans descendre de cheval, le saisit par le devant de son habit, le soulève et le jette dans son tombereau.
    (Note de mad. Campan.)