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dans les représentations qu’il fit au sujet des dépenses excessives qu’exigeaient les petits soupers du roi, auxquels avait été adjoint le département des plaisirs. Il aurait voulu qu’elles fussent plus modérées, ou, qu’à l’exemple du grand couvert, on les mît sur un pied fixe auquel on fût obligé de s’en tenir. Cependant un prétexte aussi vain de la démission, que celui d’avoir déplu au roi et à la Pompadour, ou plutôt à la Pompadour et au roi, par la liberté de ses remontrances, n’aurait fait aucune impression sur sa personne, si on ne s’en était servi avec un air mystérieux qui annonçait qu’on était au fait de celui de la cour. » (Anecdotes du règne de Louis XV, publiées par Soulavie.)


Extrait d’une notice communiquée à Soulavie sur l’assassinat
de Louis XV par Damiens.

« La ville de Paris envoie ici (à Versailles) tous les jours trois ou quatre fois, pour savoir des nouvelles du roi ; et M. le duc de Gesvres en envoie quatre fois par jour à M. le prévôt des marchands. Le jour que le roi fut blessé (par Damiens), dès que l’on sut cette nouvelle dans la ville, et que M. de Gesvres allait partir pour Versailles, il s’assembla dans la cour et à la porte un grand concours et une multitude de peuple, pour savoir des nouvelles du roi, et ils y restèrent jusqu’à cinq heures du matin, malgré la rigueur du froid, pour attendre l’arrivée du deuxième courrier. M. de Gesvres leur fit faire du feu dans la cour et dans la rue. Les spectacles finissaient quand la nouvelle arriva ; mais depuis le jour des Rois, il n’y a pas eu de représentation. M. le duc de Gesvres et M. le prévôt des marchands assurent également que la consternation a été très-grande dans Paris, et qu’elle dura encore long-temps après.

» Monseigneur l’archevêque ordonne dans le moment les prières de quarante heures ; on fait des neuvaines à Sainte-Geneviève où il y a une affluence prodigieuse de peuple. Ce n’est pas sans peine que le corps de ville, qui y va tous les jours,