Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il avait cru pouvoir développer davantage les sentimens dont son cœur était rempli.

» Le camp de Compiègne parut lui donner une nouvelle existence. Ce prince, aussi affable que vertueux, visitait les soldats, les secourait, leur présentait sa femme, les appelait mes camarades et mes amis, et causait parmi eux une ivresse universelle qui allait jusqu’au délire.

» Mais comme ce n’était ni l’intention, ni l’intérêt du ministre prépondérant, que le crédit de M. le dauphin augmentât à un tel point, que le roi ne pût lui refuser le degré de confiance qu’il méritait, c’est-à-dire sa confiance entière, M. de Choiseul ne fut pas long-temps à se débarrasser d’un tel concurrent. On sait quelle fut la maladie et la mort du meilleur des princes. Vingt fois il m’a dit ce qui la lui causait, les profonds calculs de son ennemi M. le duc de Choiseul. Mais il est inutile de s’appesantir ici sur des détails qui ne doivent point entrer dans le sujet que je traite. »


Anecdotes relatives à la mort de Louis, dauphin de France,
par M. d’Angerville.

« À peu près dans le temps de la mort de madame de Pompadour, on s’aperçut que M. le dauphin, qui jusque-là jouissait d’une santé florissante, commençait à dépérir. Il perdit insensiblement son embonpoint ; la fraîcheur de son teint s’altéra, et la pâleur effaça le bel incarnat de ses joues. On ne put dissimuler qu’une langueur secrète le consumait ; on en chercha la cause, et chacun forma ses conjectures. On a prétendu que ce prince avait voulu faire passer une dartre dont l’humeur, répercutée sans précaution, s’était jetée sur la poitrine. Mais madame la dauphine n’ayant point fait part de cette anecdote au rédacteur des Mémoires de la vie de son auguste époux, on doit la regarder comme controuvée. Il est plus vraisemblable, suivant ce qu’elle en fait indiquer par l’historien, que le chagrin des maux de la religion, et surtout la destruction des jésuites, fut