Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

présenta à Bellevue, devant le roi, l’Homme de fortune, comédie en cinq actes et en vers, de M. La Chaussée.

» Suivant ce que l’on m’en a dit, et ce que j’en ai ouï dire à La Chaussée lui-même, cette pièce n’a pas trop réussi : les acteurs ne savaient pas leur rôle. Le duc de Chartres n’était pas sûr du sien ; la tête tourna au duc de La Vallière ; la mémoire de la marquise travailla aussi : bref, tous ces honnêtes comédiens n’étaient pas, à beaucoup près, aussi fermes sur leurs étriers qu’ils auraient dû l’être, pour soutenir une pièce qui n’est pas trop bonne par elle-même, à ce qu’on dit, et qui aurait, au contraire, un grand besoin du prestige de la représentation.

» On ne conçoit pas quelle a été la fureur de madame de Pompadour, de jouer cette comédie où je sais qu’il y a des traits dont on n’a pas manqué de faire des applications, du moins pendant qu’on la répétait. On a pourtant retranché des vers tels que celui-ci :

Vous fille, femme et sœur de bourgeois, quelle horreur !

» Ce vers était dans le rôle du duc de Chartres. Il a été supprimé, ainsi que quelques endroits qui attaquaient l’injustice des fortunes faites par la voie de finance.

» Mais on y a laissé une scène de généalogiste qui s’engage de faire descendre un bon bourgeois qui a acquis et qui porte le nom d’une terre titrée, de seigneurs à qui cette terre appartenait autrefois. »

(Journal de Ch. Collé.)

On sent quels avantages devaient donner à la favorite des talens qui rehaussaient ses charmes. Nous placerons ici deux portraits de madame de Pompadour, d’autant plus curieux, quoique assez mal écrits, que l’un la représente dans tout l’éclat de sa beauté, et l’autre lorsque les soucis, les chagrins et des infirmités prématurées avaient déjà terni sa fraîcheur.