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pour noircir le duc de Choiseul, avant qu’il le précipitât lui-même du ministère des finances. Après l’abbé Terray, Turgot, qui avait du duc la même opinion, continua à en médire dans ses entretiens particuliers et ses travaux avec le roi. Le chancelier Maupeou, coupable envers le duc d’une partie de ce qu’il avait fait contre lui, s’unissait à ce parti. On allait jusqu’à dire que Marie-Antoinette était fille du duc de Choiseul, et on calculait les mois et les jours de grossesse de Marie-Thérèse. On citait l’époque de l’ambassade du duc à Vienne, pour donner quelque vraisemblance à cette opinion que les seules dates contrariaient. Vergennes se trouvait l’ennemi de la diplomatie autrichienne. La Vrillière, qui avait exécuté les ordres du roi en l’exilant à Chanteloup, après avoir intrigué avec d’Aiguillon et madame Du Barry, y travailla autant que le pouvait un homme qui avait perdu son crédit et sa considération. Dans la famille royale les trois tantes du roi ne visaient qu’au même but. Ainsi, de quelque côté que Louis XVI se tournât, il ne trouvait que des ennemis implacables du nom de Choiseul, à l’exception de la reine, pleine de dépit de voir cette multiplicité d’oppositions à ses premiers penchans. » (Mém. historiques et politiques du règne de Louis XVI, par Soulavie, tom. II.)


Note (N), page 94.

« M. de Vergennes, président du conseil des finances, place lucrative et honorifique plutôt qu’administrative, était à peine instruit de l’existence d’un déficit secret que M. de Calonne portait à cent millions, qu’il prévit les réclamations, les éclats et le ressentiment de toute la France, lorsque la nécessité fatale arriverait de manifester cette plaie de l’État pour la guérir. Il aperçut de loin le parti que l’Angleterre tirerait alors de notre situation. La France, ayant surpris l’Angleterre dans le cruel embarras des insurrections coloniales, avait changé des rebelles en peuple souverain. Que ne ferait pas l’Angleterre dans l’intérieur de la France, quand