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la cupidité fut pour elle un reproche honorable, et la postérité la louera d’avoir dit plus d’une fois à d’avides courtisans : « Les trésors de l’État ne sont pas nos trésors ; il ne nous est pas permis de divertir en largesses arbitraires des sommes exigées par deniers du pauvre et de l’artisan. » (Vie de Marie Leckzinska, par l’abbé Proyart.)


Note (M), page 92.

« Louis XVI goûta beaucoup les premiers entretiens du comte de Maurepas qui cherchait à lui plaire, en lui racontant des anecdotes sentimentales sur le dauphin, son père, pour lequel Louis XVI était pénétré de vénération. Maurepas confirma le roi dans la croyance que le duc de Choiseul avait hâté la mort du feu dauphin, et ne cessa de le maintenir dans la résolution d’éloigner à jamais le duc de la cour, et surtout du ministère. Il présentait, dans des mémoires manuscrits et dans ses conversations intimes, le duc de Choiseul comme un dissipateur des deniers de l’État, qui, pour se former en France un parti inattaquable, avait prodigué plus de douze millions de pensions, accordées inutilement à des gens sans autre mérite que celui d’être protégés par la maison de Choiseul.

» Maurepas fit un jour dresser le tableau des grâces accordées à toutes les maisons qui portaient le nom de Choiseul, et démontra qu’aucune autre famille en France ne coûtait le quart de ce qu’avait envahi celle de ce ministre. Ainsi, à mesure que la reine tourmentait Louis XVI pour rappeler Choiseul à la cour, M. de Maurepas, travaillant en sens contraire, le faisait détester du prince. Sa haine pour M. de Choiseul l’avait élevé en place, la même haine l’y conserva. De-là les premières animosités de Marie-Antoinette contre M. de Maurepas. Elle avait résolu de tout faire en France pour rappeler au gouvernement l’ami de sa maison et l’auteur de son mariage.

» Les autres ministres travaillaient dans le même sens que M. de Maurepas. Celui-ci se servait adroitement de l’abbé Terray