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leurs femmes ; du mérite qu’ils avaient à s’acquitter de leurs devoirs de maris. Un mot imprudent, adressé à Louis XV et ne pouvant être applicable qu’à la reine, fait à l’instant cesser toute la joie du repas. Louis XV prend son air imposant, et, frappant deux ou trois coups sur la table avec son couteau : Messieurs, dit-il, voilà le roi[1].


Trois jeunes gens de Saint-Germain, qui venaient de terminer leurs années de collége, ne connaissant personne en place à la cour, et ayant

  1. Nous ne pensons point qu’aucune anecdote puisse mieux peindre l’excès de la corruption, que cette réunion d’hommes profanant la sainteté du mariage, dévoilant ses secrets, et se faisant un jeu de leur propre infamie. La conduite des femmes n’aurait pu même servir d’excuse aux maris, quoiqu’elle ne valût pas mieux. Les petites maisons recevaient presque autant de femmes titrées que de courtisanes. Des comédiens inspiraient aux duchesses, aux marquises, des passions qu’elles auraient dédaigné d’environner des ombres du mystère*. Des noms qu’on aurait dû respecter se trouvaient mêlés aux déréglemens des plus honteux asiles. S’il faut en croire un fait qu’on trouvera rapporté dans les éclaircissemens, lettre (D), on osa se faire un titre de la prostitution même, pour invoquer des séparations ; et cette audace du vice arma l’indignation du jeune d’Aguesseau, digne héritier des vertus de son père.
    (Note de l’édit.)

    *. Voyez les Mémoires de Besenval et ceux de Lauzun.