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occupé d’elle. Les formes d’un glacial respect, le soin d’éviter le moindre entretien suivi avec le monarque, ne parvinrent pas à détruire cette flamme naissante ; le roi finit par adresser à la comtesse une lettre des plus passionnées. À l’instant le parti de cette femme estimable fut pris ; son honneur l’empêchant de répondre à la passion du roi, son profond respect pour son souverain lui prescrivant de ne pas troubler son repos, elle s’exila volontairement dans une terre nommée Chalais, qu’elle avait auprès de Barbezieux, et qui, depuis près d’un siècle, n’avait pas été habitée. Le logement du concierge fut le seul qui put la recevoir ; de là elle écrivit au roi les motifs de son départ, et resta plusieurs années dans cette terre sans revenir à Paris. De nouveaux goûts rendirent promptement à Louis XV un repos auquel madame de Périgord avait cru devoir faire un si grand sacrifice. Quelques années après, la dame d’honneur de Mesdames vint à mourir ; beaucoup de grandes familles demandèrent cette place : le roi ne répondit à aucune de ces sollicitations, et écrivit à madame la comtesse de Périgord : « Mes filles viennent de perdre leur dame d’honneur ; cette place, Madame, vous appartient autant pour vos hautes vertus que pour le nom de votre maison. »


Le comte d’Halville, d’une très-ancienne maison de la Suisse, avait débuté à Versailles par le simple