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ture où elle en avait trop placé, terminait les petites figures. L’entreprise finie, le salon intérieur fut décoré de l’ouvrage de la reine, et l’entière confiance de cette vertueuse princesse, que cet ouvrage était celui de ses mains, fut telle, que, léguant ce cabinet à madame la comtesse de Noailles, sa dame d’honneur, les tableaux et tous les meubles dont il était décoré, elle ajouta à l’article de ce legs : « Les tableaux de mon cabinet étant mon propre ouvrage, j’espère que madame la comtesse de Noailles les conservera par amour pour moi. » Madame de Noailles, depuis maréchale de Mouchy, fit construire un pavillon de plus à son hôtel du faubourg Saint-Germain, pour y placer dignement le legs de la reine, et fit graver en lettres d’or sur la porte d’entrée : L’innocent mensonge de cette bonne princesse[1].

  1. On trouve dans la Vie de Marie Leckzinska, par l’abbé Proyart, les détails suivans sur les occupations de cette princesse :

    « Au sortir de son dîner, elle donnait encore des audiences. Elle entrait ensuite dans ses petits appartemens où elle s’amusait à jouer de quelque instrument, à peindre au pastel ou à faire usage d’une fort petite et fort jolie imprimerie. Elle ne peignait que des tableaux de dévotion dont elle faisait présent à des communautés religieuses et à des personnes qui avaient le goût de la piété. Il lui en restait à sa mort un cabinet entier qu’elle laissa par son testament à sa dame d’honneur. Elle imprimait, pour les distribuer comme ses tableaux, des prières, des sentences et des maximes de morale. Le dauphin l’ayant un jour trouvée occupée de ce travail, se récria, avec sa gaieté ordinaire,