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assister à la messe avant de partir pour Paris, entendirent Son Éminence crier avec une émotion tout-à-fait pastorale : « Mes chers frères, pourquoi le luxe vous accompagne-t-il jusqu’au pied du sanctuaire ? Pourquoi ces coussins de velours et ces sacs couverts de galons et de franges précèdent-ils votre entrée dans le temple du Seigneur ? Quittez, quittez ces habitudes somptueuses que vous ne devez considérer que comme une gêne tenant à votre rang, et dont la présence de votre divin sauveur doit vous dégager. » Les personnes, qui avaient entendu les homélies, en parlèrent dans les sociétés de la cour ; chacun voulut se donner le plaisir de les entendre : les dames du plus haut rang se firent éveiller à la pointe du jour pour entendre la messe du cardinal, et Son Éminence se trouva promptement avoir attiré un auditoire fait pour profiter de ses homélies.


Marie Leckzinska ne put voir sans prévention la princesse de Saxe, qui épousa le dauphin en secondes noces ; mais les égards, les respects, les soins de la dauphine, lui firent oublier qu’elle était fille du prince qui portait la couronne de son père. Cependant quelques preuves des profonds ressentimens ne peuvent échapper aux yeux des gens qui environnent sans cesse les grands ; et, si la reine ne voyait plus dans la princesse de Saxe qu’une