Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/83

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en le reconduisant, le pria d’exprimer toute sa reconnaissance à la reine, et lui dit qu’il n’avait rien à offrir à un officier qui avait l’honneur d’appartenir à Sa Majesté, mais qu’il le priait d’accepter son vieux bâton ; qu’un jour peut-être ses petits-fils seraient bien aises de posséder la canne avec laquelle il commandait à Marchiennes et à Denain. On retrouve dans cette anecdote le caractère connu du maréchal de Villars, mais il ne se trompa pas sur le prix que l’on mettrait à son bâton. Il a été conservé depuis ce temps avec vénération par la famille de M. Campan. Au 10 août 1792, une maison que j’occupais sur le Carrousel, à l’entrée de la cour des Tuileries fut entièrement pillée et en grande partie brûlée ; la canne du maréchal de Villars fut jetée sur le Carrousel, à raison de son peu de valeur, et ramassée par mon domestique. Si l’ancien maître de cette canne eût vécu à cette époque, nous n’aurions pas vu une si déplorable journée.


Le père de la reine était mort consumé auprès de sa cheminée. Comme presque tous les vieillards, il répugnait à des soins qui dénotent l’affaiblissement des facultés, et avait ordonné à un valet de chambre, qui voulait rester près de lui, de se retirer dans la pièce voisine : une étincelle mit le feu à une douillette de taffetas ouatée de