Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/82

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dire. » Ce bon M. de Tessé avait marié son fils à l’aimable, à la spirituelle fille du duc d’Ayen, depuis maréchal de Noailles ; il aimait éperdument sa belle-fille, et n’en parlait jamais qu’avec attendrissement. La reine, qui cherchait à l’obliger, l’entretenait souvent de la jeune comtesse, et lui demanda un jour quelle qualité il remarquait essentiellement en elle. « Sa bonté, Madame, sa bonté, répondit-il les yeux pleins de larmes : elle est douce..... douce comme une bonne berline. — Voilà bien, dit la reine, une comparaison de premier écuyer. »


En 1730, la reine Marie Leckzinska, se rendant à la messe, trouva le vieux maréchal de Villars appuyé sur une béquille de bois qui ne valait pas trente sous : elle l’en plaisanta, et le maréchal lui dit qu’il s’en servait depuis une blessure qui l’avait forcé de faire cette emplette à l’armée. La reine, en souriant, lui dit qu’elle trouvait sa béquille si indigne de lui, qu’elle espérait bien en obtenir le sacrifice. Rentrée chez elle, Sa Majesté fit partir M. Campan pour Paris, avec l’ordre d’acheter, chez le fameux Germain, la plus belle canne à béquille en or émaillé qu’il pût trouver, et lui ordonna de se rendre de suite à l’hôtel du maréchal de Villars, et de lui porter ce présent de sa part. Il se fit annoncer et remplit sa commission ; le maréchal,